«La Claque » « ça défonce la rétine, bla bla bla »
voila ce qu'on pouvait entendre en 2007, lors de la sortie de Crysis sur les
machines des PCistes les plus fortunés. Oui, puisque voila, le jeu, en plus
d'être un FPS plus élitiste que la moyenne, devait tourner (à 60 FPS s'il vous
plait) sur une centrale nucléaire qui se rapprochait de la fameuse légende du
« PC à 2000€ ». Par conséquent, beaucoup s'y sont essayé, mais peu
l'ont fini à l'époque. Avec cette suite et sa sortie console, Crytek a compris
certaines erreurs du passé, mais en a commis d'autres.

Avant d'écrire mon test je me suis posé une question, dont
la réponse était en réalité assez évidente. Par quoi commencer ? Après
quelques secondes de réflexion, il m'est paru évident de commencer par ce qui
fait le charme du titre, sa colonne vertébrale, sa maitrise la plus évidente à
mon sens. Pas son scénar bien sur, mais bel et bien sa technique. Puisque c'est
sur ce dernier point que Crysis 2 vous inflige une lobotomie du lobe frontal.
Même sur console, oui oui.

Le premier Crysis était un exemple à suivre en terme de
technique pure, une véritable avancé. Souvenez vous, les consoles dites
« next-gen » ont pris un petit coup de vieux après la sortie du titre
de Crytek. Certains consoleux (au sens non péjoratif) s'exclamaient et
promettaient que les développeurs allaient se saigner aux quatre veines pour
offrir aux joueurs un rendu identique voire supérieur à celui de Crysis.
Aujourd'hui même si cette course à la puissance fait bien rire, il faut bien
reconnaitre qu'elle existait et existe toujours. Bref, nous nous éloignons
dangereusement du sujet.

Finalement ce sera Crytek qui aura fait le premier pas en
proposant une version console de son moteur graphique. Une version allégé et
moins gourmande. Alors oui, en infligeant une claque monumentale à tous les
joueurs console, Crytek a réussi son paris, porter son moteur d'une part et
proposer un jeu sublimissime de l'autre, bien que ce dernier ne soit pas exempt
de défauts techniques.

Le jeu en impose et impressionne dès les premières minutes
de jeu, mais il exalte le joueur après plusieurs heures, pour offrir des décors
et panoramas ultra travaillés et très détaillés. Effets de lumière, textures,
effets en tout genre, modélisation...tout ou presque est de très haut niveau pour
un jeu tournant sur Xbox 360.

Cependant, plusieurs défauts viennent entacher cette vitrine
technologique. A commencer par un point qui fâche et qui aurait peut être pu
être évité. Le frame rate est une véritable catastrophe dans les premières
heures de jeu. C'était ma crainte la plus évidente avant de commencer le jeu et
ça s'est avéré être extrêmement pénible. Effectivement, le jeu rame et c'est
plutôt sévère. Au moindre gunfight ou agitation du joystick, la chute est
flagrante et fatigante pour les yeux. On se retrouve très facilement sous les
30-25 FPS, voire beaucoup moins. Par la suite, le titre se stabilise pour
proposer une animation fluide et agréable, les chutes sont moins présentes,
mais paradoxalement les environnements sont plus détaillés et très très
impressionnants, beaucoup plus qu'au départ.

Les clipping est également bien présent. Ce n'est pas un
point sur lequel j'exprime un mécontentement et en général, je passe
complètement outre. Mais, seulement ici, c'est vraiment flagrant. Des éléments
imposants, des ombres, ou encore divers débris, apparaissent à seulement
quelques mètres de votre perso. Ce n'est pas plus grave que ça, mais ça gâche
un peu l'immersion de la chose.

Mais ce qu'il faut surtout retenir, c'est que le titre de
Crytek inflige une grande claque, digne d'un Uncharted 2. Le jeu est beau,
magistralement beau et affiche des environnements très spectaculaires. Même si
par moments, j'avais une folle envie d'investir dans un PC doté de trois cartes
graphiques, 16Go de RAM et 10 To, pour afficher un jeu beau et fluide, ce
n'est, au final, pas si gravissime que ça. Mais alors oui, évidemment, je te
vois venir vieux PCiste aigrie, nostalgique et haineux que tu es (pardon pour
ce cliché un peu fourbe), tu me diras que le jeu doit être fluide, tu
m'expliquerais, qu'un FPS dynamique et nerveux doit tourner à 60
images/secondes, que c'est une honte de jouer avec un pad, etc, etc... Et je te
dirais que, évidement, tu as raison. Mais, les moteurs comme le CryEngine 3
portés sur consoles sont très très rares et la prochaine fois que les consoles
vont cracher leurs tripes pour afficher une image fluide se sera avec le Frostbite
2, le moteur de Battlefield 3, que certains s'étonnent lorsqu'ils apprennent qu'il
sera allégé et qu'il ne tournera « qu'à » 30 FPS (et encore) pour les
portages sur Xbox et PS3. N'oublions pas que la série a fait ses débuts sur PC.

Oubliez la jungle, les arbres qu'on pouvait casser en deux,
en trois ou en quatre, les maisons en tôle entièrement démontables, laissons
libre champ à New York. Quelle surprise n'est ce pas ? Mais ce n'est pas
n'importe quel New York, c'est un NY dévasté, amputé, défiguré, ce qui laisse
un certains plaisir de la découverte, chose qu'on ne retrouve pas forcément
avec des titres ayant choisi le même environnement, ces derniers montrant la
ville finalement de façon similaire.

Le choix n'est évidemment pas anodin ou hasardeux, il était
complètement calculé. Le passage sur console y est encore pour quelque chose,
puisqu'on se retrouve avec un titre plus linéaire, cependant, bien que moins
que la plupart des FPS modernes mais tout de même moins profond que le premier
opus. Le jeu perd en approche tactique ce qu'il gagne en script, action,
linéarité et dynamisme. Les amateurs de la version PC remarqueront également
une distance d'affichage un peu fléblarde, cachée ici par les nombreux buldings.

Une nouveauté fait également son apparition. Bien que
complètement inutile, celle-ci permettra aux joueurs les plus fainéants de
savoir exactement quoi faire et comment dans les zones les plus exposés et les
plus « complexes » à appréhender. Autant dire que ça casse
complètement le trip et qu'il ça reste de l'ordre du gadget inutile. Vous
pourrez par exemple, marquer un certain nombre d'ennemies et de caisses de
munitions, repérer certains passages plus calmes ou au contraire plutôt
dangereux.

Comme pour le premier opus, le jeu vous laisse choisir
l'approche qui vous parait la plus simple ou simplement la plus fun pour vous.
En théorie le jeu a également été pensé pour qu'il puisse être joué en mode Sam
Fisher. Vous pourrez donc, un peu partout vous la jouer à la predator en
activant et désactivant le camouflage et jouir de cette voix bien gonflante de
la combi, qui vous dit à chaque fois ce que vous avez choisi comme mode. Vous
pourrez donc traverser la map sans trop vous faire repérer, passant de cachète
en cachète. Mais l'I.A peut parfois être complètement incohérente. On se fait
repérer sans trop savoir pourquoi par un troufion au fond de la map alors qu'on
est sensé être invisibles, mais par contre dès qu'on court derrière lui, il ne
nous voit et ne nous entends absolument pas. Bien que l'infiltration soit
amusante un moment, on est dans un FPS et dans un FPS, on shoote, donc, on
shoote. On laisse place aux gun fights, qui sont plutôt bien réussis,
dynamiques et bien nerveux, bien qu'un peut faciles. On s'amuse avec les
ennemis, on joue à cache cache avec eux, on les torture un peu mentalement et
puis on les flingue. C'est sympa, bien que l'I.A, ne soit pas très
convaincante, ni très futée, elle reste plutôt efficace du fait de son
agressivité. Il arrive qu'elle nous en face baver, qu'elle nous contourne (par
hasard ?), mais lorsque cela arrive, il s'avère plutôt que leur nombre y
est pour quelque chose. Les ennemis arrivent par poignées de cinq, voire plus
et il n'est pas rare que les gunfights, bien que sympas, s'avèrent longs et
répétitif. A la toute fin du jeu, j'ai préféré les éviter, c'est dire.

La combi du premier épisode était plutôt bien pensée et bien
équilibrée. On été beaucoup plus fort que les ennemis, sans être dans une sorte
de godmode. Il ne fallait pas jouer le gourmand avec les « pouvoirs »
sous peine de se retrouver sans énergie en plein milieu d'un combat. La
modération était imposée et le jeu n'était ni trop dur ni trop simple. Sur ce
point, le jeu était agréable. Avec Crysis 2, la combi est comme amputée de quelques
véritables pouvoirs, mais d'un autre coté, on a également l'impression que
certains d'entre eux ont été quelques peu dopés pour nous faciliter la
tache.  Pour commencer, le super sprint,
devient un simple sprint tout ce qu'il y a de plus banal dans un FPS. On ne va
spécialement plus vite que dans le premier, au contraire, pourtant ça nous
bouffe pas mal d'énergie. L'invisibilité peut être utilisée pendant plusieurs
minutes et nous mange beaucoup moins de ressources lorsqu'on se déplace. La
barre d'énergie remonte également plus vite. Ce genre de modif, tire la
difficulté vers le bas et ne rend pas le jeu foncièrement plus fun.

Un autre rajout plutôt sympa cette fois, le fait de pouvoir
faire évoluer votre armure. En ramassant on-ne-sais-pas-trop-quoi sur les
aliens, on peut débloquer quelques petits plus. La marche, la chute silencieuse
ou encore le fait de voir la trajectoire des balles de nos ennemis, histoire de
savoir d'où on nous tire dessus. Il y en a une vingtaine à débloquer et on ne
peu qu'en avoir quatre à la fois. Pour être tout à fait honnête, j'en ai
débloqué la plupart, mais je n'ai pas ressenti le besoin de les utiliser. C'est
sympa, bien qu'un peu gadget.

On peut encore et toujours rajouter un viseur ou un
silencieux à votre arme en temps réel, un point réellement positif auquel ont
n'a visiblement rien retouché.

Ici, la durée de vie varie énormément d'un type de joueur à
l'autre. Personnellement j'ai voulu profiter du titre, j'ai pris mon temps,
j'ai parcouru tous les niveaux en les nettoyant à fond et en laissant que
quelques ennemis derrière moi. Il m'a donc fallu environ entre 8 et 10 heures
de jeu pour boucler la campagne solo. C'est pas mal. Bien sur, ça reste court,
mais je ne suis pas sur que plus aurait nécessaire. Le jeu est assez répétitif
comme ça et en s'approchant de la fin, on est comme soulagé. J'exagère bien
sur, mais si le jeu aurait eu une durée de vie de 15 heures, je ne l'aurais
peut être pas bouclé.

Pour conclure, Crysis 2 n'est absolument pas un mauvais jeu,
il rempli le contrat du FPS moderne. Il est fun, dynamique, beau, très beau,
très très beau et parfois très impressionnant. Mais ce n'est certainement pas
totalement ce à quoi on s'attendait. Crytek nous propose ici un jeu défoulant,
nous offre des gunfights parfois très jouissif, mais nous ôte une certaine  liberté qui faisait le charme du premier. Le
jeu s'avère au final extrêmement répétitif et j'ai personnellement préféré parcourir
à petites doses. Un jeu qu'on consomme et qu'on oublie aussi tôt.